Quel est l'engagement d'un enseignant de yoga envers ses élèves ?

 

Le niveau d’engagement d’un enseignant de yoga envers ses élèves n’est pas évident.

Je serai la première à admettre que trouver le bon positionnement vis-à-vis de ses étudiants en yoga est difficile à trouver.

À l'ancienne époque, la relation entre l'enseignant et l'élève était très différente. L'enseignant était le maître et l'élève faisait ce que l'enseignant lui disait de faire.


Aujourd’hui, ce type de relation ne fonctionne pas vraiment pour plusieurs raisons. D'abord et avant tout, cette hiérarchie particulière entre l'enseignant et l'élève a été en grande partie rejetée par une société occidentale qui s'oppose à toutes les dynamiques ouvertement autoritaire.

De nos jours, nous voulons avoir le sentiment de liberté et de choix dans tous les domaines de notre vie, professionnel, personnel, dans nos relations et même dans notre pratique spirituelle.


Les conséquences de cette façon de penser et de vivre, celle de «je fais ce que je veux», justifient l'importance d'y consacrer l'écriture d'un article.


Dans cet article, je veux parler de la façon dont un professeur de yoga se positionne face à la tendance actuelle du « je suis libre de faire ce que je veux ».


Jusqu'où un professeur de yoga s'investit-il dans l'évolution de ses élèves ?

D’abord, c’est un sujet complexe qui suscitent un certain nombre de questions : 

  • Jusqu'où un professeur de yoga s'investit-il dans l'évolution de ses élèves ? Je ne parle pas de ses élèves dans leur ensemble collectif, mais de chacun d'entre eux. Si nous savons que l'élève a le droit de stagner (volontairement ou pas), le droit de performer superficiellement mais en restant profondément immobile, jusqu'où allons-nous, en tant qu'enseignants, tenter de l’aider à évoluer ?

  • Est-ce que nous nous investissons personnellement dans chacun de nos étudiants ? Leurs réalisations sont-elles nos réalisations ? Leurs échecs sont-ils nos échecs ?

  • Si l’un d’entre eux n'évolue pas, est-ce à nous de le remettre sur la bonne voie en nous investissant entièrement dans cet effort ?

  • Si l'élève décide qu'il ne veut pas suivre la direction qu'on lui montre, allons-nous être blessé ou allons-nous accepter que ça fait partie du boulot ?

OU

  • Est-ce qu'on reste détaché de chaque élève, en établissant que c’est de leur responsabilité d'évoluer et que s'ils veulent le soutien de l'enseignant ils doivent le solliciter ?

    Dans ce scénario, on pourrait imaginer des étudiants n'évoluant pas continuer à venir dans nos cours aussi souvent et aussi longtemps qu'ils le souhaitent. Est-ce que cela serait acceptable pour notre enseignement ou bien ne ferait aucune différence ?  

OU

  • Existe-t-il une position qui se situe quelque part entre les deux ?

A cette dernière question, ma réponse est que je pense que oui . Ou du moins c'est là où je travaille.


Le non-attachement

Étant donné que chaque élève a le droit de suivre ou non mes enseignements, j'ai trouvé qu'un espace de non-attachement fonctionnait mieux. Pas de détachement. Pas dans l'espace où je pense que les décisions de mes élèves concernant leur développement n'ont aucun effet sur moi. Mais que leurs décisions sont finalement leurs décisions.

Aujourd'hui je sais que si une personne vient vers moi et décide de devenir l'un de mes élèves, elle vient vers moi pour quelque chose de particulier. Et dans mon cas, les gens viennent vers moi dans un objectif de transformation.

(Déjà, c'est un changement par rapport à la façon dont cela fonctionnait dans les époques passées. Quelqu'un ne pouvait pas simplement décider de devenir un étudiant en « maîtrise ». Le maître devait accepter l'étudiant.)

Il est donc de ma responsabilité de mettre à la disposition de l'élève tous les outils, les pratiques et les enseignements que je connais afin qu'il puisse les utiliser pour se transformer.

Je sais que je ne transforme personne. Je connais juste une certaine méthode de transformation qui fonctionne lorsqu'elle est appliquée correctement.

Alors, dans le respect de mon intégrité, avec un échange d'énergie égal entre moi et l'élève, j'enseigne cette méthode de transformation au mieux de mes capacités.


Que l'élève décide d'utiliser réellement la méthode, ou dans quelle mesure il l'utilise, n'est pas sous mon contrôle.


C'est certainement délicat quand j'observe quelqu'un qui fait des choses qu’à moitié ou qui applique mal les enseignements.

Dans ces cas, j'ai décidé de lâcher prise pour ces 3 raisons :

  1. Les enseignements ne sont pas ma propriété,

  2. Le chemin dévoyé et les résultats médiocres ou mauvais que la personne pourrait avoir, sont les conséquences naturelles d’un engagement insuffisant ou de la mauvaise utilisation des enseignements.

  3. Peut-être que la personne n'avait jamais eu l'intention de vraiment passer par un processus de transformation. Ou peut-être même avec les meilleures intentions, l'étudiant n'a pas su prévoir le niveau d'engagement et de changement que nécessite ce travail et a, finalement, décidé que « Non, je ne veux pas vraiment changer ». Dans ce cas particulier, il n'y a pas grand-chose à faire pour réintégrer les étudiants dans le programme. Il ou elle ne veut tout simplement pas être là.

Les exemples que je viens de donner concernaient des situations où ça ne marche pas bien avec les élèves.

 

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    Mais qu'en est-il des élèves qui s'engagent ?

    Ceux qui ont la volonté, le courage et la détermination d'aller de l'avant et de vraiment se transformer ? Cela peut être assez excitant quand on découvre ce genre d'étudiants. Ils ont suivi le programme et ils ont obtenu les résultats souhaités.

    Mais encore une fois, le non-attachement est l'endroit où je conseille d'être.

    Pourquoi?

    Parce que comme je ne suis pas entièrement responsable de l'élève qui ne donne pas suite, je ne suis pas non plus entièrement responsable de celui qui le fait.

    Comme je ne suis pas responsable de ce que je perçois comme un échec chez un.e élève, je ne peux pas non plus être responsable de ce que je perçois comme un succès chez un.e élève. Je n'étais pas dans l'esprit et le corps de l'élève qui réussit. C'était sa propre volonté et sa détermination à traverser les moments difficiles. Je ne l'ai pas fait pour lui/elle . J'ai simplement mis les enseignements à leur disposition de la meilleure façon que je connaisse.


    Et  je peux me dire à propos d'un.e élève qui n'avance pas : "Bon, c’est dommage", et à propos d'un.e élève qui réussit : "Bon, c'est super pour lui".

    L'un ne doit pas me faire pleurer et l'autre ne doit pas me faire sauter de joie.

    Dans les deux cas, j'ai fait de mon mieux dans l'enseignement et dans les deux cas, c'était à l'élève de suivre ou non les enseignements.


    Comment résumer alors la position d'un enseignant vis-à-vis de ses élèves ?

    Cela revient finalement à vivre la voie yogique qui consiste à agir selon son Dharma (ce qui signifie faire de son mieux) d'une manière non attachée.


    Alors, si vous enseignez le yoga ou si vous allez l’enseignez dans l’avenir, j’espère que cet article vous donnera une perspective utile.


    Si vous avez des questions par rapport à l’enseignement de yoga, posez vos questions dans les commentaires ou bien écrivez-moi à mira@dayogaschool.com

     
     
     
     
     

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